Interview CHARLIE STARR - Blackberry Smoke - 12-11-2023
Ce n’est quand même pas tous les jours qu’on peut passer quelques minutes avec Charlie Starr, aussi je n’ai pas caché ma joie de pouvoir l’interviewer deux mois avant la sortie du plus récent album de Blackberry Smoke, que je trouve pour ma part très réussi. Il semblerait que n’unanimité se fasse sur le sujet à la rédaction de RTJ. Au moment de cette rencontre, nous n’avions pas eu tous les crédits de l’album, juste quelques informations déjà fort intéressantes que la maison de disques avait laissé sourdre, cela explique la nature de quelques questions.
Hélas, des ennuis techniques ne nous permettent pas de vous communiquer tout ce que nous avions prévu, et les différents microbes de cette fin d’automne et de cet hiver ont considérablement retardé la transcription de l’entrevue, qui aurait dû être publiée il y a un mois. Mais ce que Charlie a bien voulu nous livrer ici mérite déjà qu’on s’y intéresse de très près. Bonne lecture !
RTJ - Bonjour Charlie,
Je suis très heureux au nom de la rédaction de Road To Jacksonville d’avoir cette opportunité.
J’ai vu le groupe en concert pour la première fois le 13 février 2010 à Pontoise, tu te souviens ?
Charlie - Certainement !
RTJ - Il y avait de la neige, les trottoirs étaient glissants et vous êtes arrivés au concert d’on ne sait où, la guitare à la main. Le groupe venait d’intégrer Brandon. J’avais co-écrit l’article sur le concert avec Philippe Archambeau, et fait quelques photos. Que de chemin parcouru depuis ! Je crois que c’est la première interview depuis 2015 d’un membre du groupe pour notre webzine. Nous allons donc commencer par quelques questions basiques pour nos lecteurs.
Où et quand es-tu né ?
Charlie - Je suis né à Langdale, Alabama en 1974
RTJ - Viens-tu d’une famille musicale ?
Charlie - Oui très.
RTJ - Tes parents jouaient-ils d'un instrument ?
Charlie - Mon père est guitariste, chanteur et joue de la musique bluegrass, et ma mère ne joue pas d'un instrument, mais les frères de sa mère étaient tous des chanteurs de gospel, par exemple dans un quatuor de gospel appelé les Swannee River Boys. Ils étaient très populaires.
RTJ - As-tu commencé directement par le chant ou par l’apprentissage d’un instrument ?
Charlie - Les deux je suppose. Quand j’étais enfant, tout le monde chantait autour du piano, donc les deux.
RTJ - As-tu commencé par le piano de la maison ou par la guitare ?
Charlie - J'ai commencé avec la mandoline, puis la guitare.
RTJ - Quelles ont été tes influences musicales ?
Charlie - Au début, avec mon père, il me chantait des chansons, tu sais, quand j'étais enfant. Je veux apprendre ces chansons. Et c'étaient des chansons bluegrass comme « Blue Moon of Kentucky » et les disques des Old 97's (groupe rock texan pionnier du mouvement country alternatif, NdT) et « Rollin' in my sweet baby's arms » et « Salty dog blues » et il m’a appris ces chansons et ma mère aimait les Stones, et les Beatles et Bob Dylan et j'ai aussi beaucoup aimé ça. Je pense donc que mes premières chansons préférées étaient les disques des Old 97’s et « Honky Tonk Woman ».
RTJ - Alors on peut dire que ton côté racines vient de ton père et ton côté pop vient de ta mère ?
Charlie - C'est vrai, ouais !
RTJ - Je suppose que tu as commencé à jouer dans des groupes au lycée.
Charlie - Ouais !
RTJ - De quel genre de groupes s’agissait-il ? Groupes pop, groupes de rock, gospel ?
Charlie - C'étaient des groupes de reprises que nous avons commencé à jouer dans les bars. J’avais 15 ans, la première fois que j’ai joué dans un bar et nous jouions du rock’n’roll classique, les Stones et Aerosmith, et les Doors et Jimi Hendrix et les Beatles. À cette époque, certains groupes géorgiens étaient très populaires, comme les Georgia Satellites. Nous avons joué leurs chansons, du Atlanta Rhythm Section, Lynyrd Skynyrd et du Allman Brothers et tout ça. Et j’ai fait ça jusqu’à la vingtaine et je l’ai fait pour gagner de l’argent, tu sais, et c’était un excellent moyen d’apprendre les ficelles du métier.
RTJ - Quand as-tu décidé de faire de la musique ton métier ?
Charlie - Je pense que j'ai toujours su que je le ferai. J’avais un travail, tu sais, pour payer les factures, quand la musique ne payait pas encore les factures, mais je savais qu’un jour, c’est ce que je ferais.
RTJ – Tu n’es pas allé à l’université ?
Charlie - Non, j’ai obtenu mon diplôme d’études secondaires mais je ne suis pas allé à la fac. Je suis allé à l'université de la fête et du rock'n'roll !
RTJ - Aujourd’hui vous avez sorti le premier titre d’un futur album produit par Dave Cobb qui sortira le 16 février. Peux-tu me parler de l’état d’esprit dans lequel cet album a été enregistré, sachant qu’il a été enregistré de façon très brute, presque live, en cherchant je suppose la magie de l’instant plus que la perfection technique ?
Charlie - Ouais, c'était l'idée ! C'était Dave. Nous nous sommes téléphonés et il a dit : « Hé, amène tous les amplis parce que nous allons tirer tous les amplis dans une pièce avec la batterie, je veux que nous soyons tous assis dans la pièce avec le matériel cette fois. Dans le dernier disque, la plupart des disques dont tu as envie, la séparation suppose pour vous d’être mis dans des endroits différents. La batterie sera dans la cabine de batterie et nous ne jouerons pas ensemble mais vous êtes séparés pour obtenir une séparation dans le son. Mais cette fois je veux tout capturer. Je veux participer à un très gros bœuf. » Et c’est ce que nous avons fait. Au milieu du temps où nous l’avons fait, je me suis senti vraiment agréablement bien.
RTJ - Vous avez commencé le groupe en quatuor, je vous ai vus pour la première fois sur scène peu après l’arrivé de Brandon, et vous sembliez avoir trouvé un équilibre en quintet. Ce line-up a duré plusieurs années, et nous avons donc été un peu surpris de vous voir rejoints sur scène par à la fois Preston Holcomb (batterie) et Benji Shanks (guitare), ce qui fait d’un coup un gros apport. Aujourd’hui vous accueillez The Black Bettys pour renforcer encore le chant. Peux-tu me dire ce qui vous a décidé à élargir le groupe sur scène, et pourquoi vous avez choisi ces personnes ?
Charlie - Je ne sais pas vraiment, c’est juste une sorte de virage, c’est plutôt naturel. Benji joue de la guitare avec moi depuis très longtemps, depuis 15 ans. Il a commencé à venir s'asseoir et à jouer certaines chansons qui avaient en fait des attraits pour la guitare sur les disques et il a commencé à venir les jouer et cela est devenu de plus en plus courant. Et puis Preston... Il est allé au lycée avec Brendon et Richard et il était batteur dans un groupe appelé The Grapes à Atlanta, un super groupe de jam et donc il a commencé à venir jouer une heure aux percussions. La partie percussions est restée sur le disque, tu sais, les maracas, le tambourin et tout ça… Les congas… Et quand Benji a commencé à jouer de la troisième guitare, Brit a dit « Je veux que Preston joue des percussions tout le temps aussi… », alors j’ai dit : « Oh, amène-le, plus on est de fous, plus on rit ! » et nous avons dit « Allez, tu peux sauter dans le bus aussi », et les Black Bettys se sont mises à chanter sur les disques depuis « Find a light » (album sorti en 2018, NdT.). Elles ne tournent pas toujours avec nous parce qu’elles ont leur propre tournée, leur propre groupe, mais quand elles viennent, c’est vraiment génial. Nous les aimons.
RTJ – Donc pour les deux gars, ce sont des gens que vous connaissez depuis longtemps.
Charlie - Ouais !
RTJ - Vont-ils désormais également participer de manière significative aux enregistrements en studio ?
Charlie - Oui, ils étaient sur les deux derniers disques.
RTJ - Le premier morceau de cet album que vous avez dévoilé, « Dig A Hole », a été composé en collaboration avec Brandon, ce qui n'est pas très habituel. Envisagez-vous d'utiliser davantage les ressources du groupe pour des compositions à l'avenir ?
Charlie - Ouais ! Quand les gens ont des idées, la porte est toujours ouverte, tu sais, et tout le monde n’écrit pas, tu sais. Donc Brandon le fait et il commence à écrire de plus en plus, c’est bien.
RTJ - Dans l'album précédent, il y avait des collaborations prestigieuses avec des musiciens comme Warren Haynes ou Rickey Medlocke, ce qui équivaut presque à la bénédiction des deux monstres sacrés que sont l'Allman Brothers Band et Lynyrd Skynyrd. Je n'avais pas la liste des auteurs-compositeurs de cet album. Avez-vous également collaboré cette fois-ci avec des personnalités très connues de notre style musical ?
Charlie - Eh bien, je suppose : nous avons eu quelques chansons de Keith Nelson de Buckcherry (groupe américain de hard rock, NdT.), c'est un vieil ami, et j'ai écrit une chanson avec Brent Cobb, qui est un grand artiste américain, un artiste country, et Adam Hood qui est un grand artiste américain.
Interview et traduction : Y. Philippot-Degand
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